Vous vous en doutez, Hortie n'est pas mon prénom, mais pour ici, ce sera très bien. Histoire que vous puissiez mettre un nom sur des écrits. Bon, phonitiquement parlant c'est un genre de plantes de la famille des urticacées. Un genre de plantes qui piquent et qui se cachent dans des herbes totalement innocentes. Vilaines orties hein?

Il y a quelque jour avec ma petite soeur, on méditait sur le monde, la vie, et le nom des choses. Je lui ai proposé un jeu : nommer tout ce qu'il y avait dans les toilettes. Et ça a duré quarante-sept minutes jusqu'à ce que nous n'ayons plus rien à dire. Mes toilettes ne sont pas très grand vous savez, mais, de la cuvette au lustre, tout est nommable, c'est dingue, non? Et puis, le lendemain, nous sommes allées en courses, acheter  du sucre en poudre, du chocolat pâtissier, de la lessive et des cotons tiges. Et là, à la caisse, nos yeux se sont baissés vers un objet incroyable. On s'est regardée, les yeux grands ouverts plein de surprise, d'étonnement. Voilà, d'étonnement. J'ai pris l'objet et on est restée silencieuse jusqu'à ce que la caissière interrompt nos réflexions. Nous avons payés sans même remarquer que le sucre avait augmenté de deux centimes et nous avons quitté le supermarché. Une fois les portes automatiques refermées derrière nous, ma petite soeur a dit : " Eh bien voilà, on a trouvé l'objet, l'unique objet au monde à ne pas avoir de nom ". C'est vrai. Bon, je ne sais pas s'il est unique, certainement pas après tout, mais quand même. Et puis, peut être qu'il a un nom après tout. Un nom qu'on ignore? Vous savez vous? Comment on appelle l'objet qu'on utilise pour séparer nos achats de ceux des clients qui nous entourent, sur le tapis roulant d'une caisse? Si oui, ne me le dîtes pas. Laissez moi dans ma satisfaction.

Bon, ce que je voulais dire, c'est que l'expression, la langue, l'écriture, la parole, les mots, c'est quand même bien fait. En dix-sept ans de vie, je n'ai trouvé qu'un objet innommable. Moi je dis "chapeau", "chapeau" les mots.
Et.. et c'est pour ça, c'est pour ça que je suis là, devant mon écran, à tapoter sur mon clavier. Je suis plutôt réservée, parfois solitaire, et les mots eux, sont toujours là. C'est d'eux dont je suis amoureuse. Ils me guident, chaque fois que j'écris ou que je claviote, ils me guident vers mon avenir, vers le futur, vers le lendemain. Ils sont géniaux les mots.

Et quelques jours plus tard,

Une barre de séparation... Ça a bien un nom alors cet objet sur le tapis roulant des caisses.